Sophie
(35 ans)
- Nationalité ch
- 26 décembre 2010 - Partager sur:
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"Arrêt du tabac, méthode sans rien'. Rétrospective avec recul. Un jour, par défi, subitement, alors que j'adorais fumer et que je n'avais aucun problème de santé, j'ai décidé d'arrêter. Net. J'ai regardé mon paquet, et je me suis dit que ce serait le dernier. Et quand je décide quelque chose, à moins d'admettre que je me sois résolument fourvoyée, je m'y tiens. Me voilà donc fumant mes dernières cigarettes. J'ai transpiré très fort en fumant la dernière du paquet, car je savais qu'à partir de là tout allait changer. Et ce fut le cas. Ont suivi 3 jours de vomissements, fièvre, transpiration abondante, larmes, crises, angoisse, la folie furieuse. Puis ça s'est calmé. Net. Je me suis réveillée le matin, une première étape était franchie. Pour tester cette étape, je suis allée emprunter' une cigarette à quelqu'un qui fumait des sans filtres, j'ai tiré 3 taffes névrosées, puis j'ai vomi et j'ai failli tomber dans les pommes. C'est confirmé, j'arrête réellement de fumer. Vive le renforcement négatif ! Une fois donc cette première étape franchie, la plus violente, a suivi une étape plus difficile : 3 mois à penser à la cigarette. Physiquement, elle ne manquait plus tant que ça grâce à la méthode sevrage à l'arrache', qui contrairement aux substituts aurait fait passer le sevrage physique en dernière étape. Me voilà donc hantée par les habitudes, la petite voix qui à tout moment tiens, si j'en f grrr !!!'. Le corps n'en réclamant pas, il fallait tout de même passer son temps à se dire NON, à essayer de se sortir cette foutue clope de l'esprit. Non mais c'est vrai, si le corps s'en passe, cerveau je te prie, veux-tu suivre un peu le mouvement ? Sans parler des rêves dans lesquels je fumais assez systématiquement. Tenace au cerveau, cette cigarette ! Le pic de l'horreur : le 4ème mois : la fatigue. La fatigue physique du corps qui en assez de lutter pour combler le manque de son stimulant. La fatigue de l'esprit qui passe son temps à chasser les pensées parasites qui chuchotent clope clope clope tout le temps. Et c'est à ce moment qu'il faut vraiment tenir bon, se répéter que si on a tenu jusque là, il ne fait pas lâcher maintenant !!! Epuisement, et c'est là qu'il faut se battre un grand coup. C'est là au 5ème mois, on se sent plus relaxé. On pense à la clope, mais son appel commence à passer aussi inaperçu que la musique dans l'ascenseur. On n'y prête plus attention. Mais voilà que tout se complique : le goudron s'étant bien décollé des alvéoles pulmonaires, voilà les infections en tout genre qui débarquent : bronchite, asthme, perte de 50% de la capacité pulmonaire ! Bonjour l'horreur : en 12 ans de tabac, du chant, du sport, des poumons sans soucis, et voilà que tout se paie cash en une fois à la sortie. De quoi donner envie de refumer ! Mais non. On pleure, on souffle, on râle, on ne dort plus la nuit sauf assis, on tient bon, le moral lutte pour ne pas couler. Car là on parle d'arrêt de clope et ses conséquences, même pas mentionné les contrariétés de la vie On parle du corps qui sans son stimulant clope a tellement ralenti que la digestion est quasi au point mort, le cerveau ne se concentre plus, la rétention d'eau et la constipation font qu'on a du mal à se trainer, et ces poumons qui refusent de s'ouvrir L'important c'est de ne pas fumer. On a l'impression de crever sans fumer, mais c'est fumer qui tue. Après un an sans cigarette, le tour de toutes les saisons, finalement ça va mieux. Le corps s'est bien guéri, il fonctionne à nouveau normalement, on a repris le chant, le sport. On est toujours accompagné d'un inhalateur, car tout à coup, on s'étouffe, mais au bout du compte tout est redevenu normal. On marche dans la rue, on côtoie des gens, et on ne fait même plus attention qui fume, qui ne fume pas. On cesse de fuir les situations tentantes, on se surprend à éclater de rire à nouveau et sans suivre pas une quinte de toux. Après plus d'un an, j'ai tiré 3 taffes d'une cigarette. Ben ça ne m'a fait ni mal, ni tousser, ni plaisir, ni rien. Je me rappelais bien le goût, mais ça n'a soulevé aucune réaction. Donc psychologiquement, je suis complètement sortie de la dépendance. Physiquement aussi. Mais je sais que le test- taffes n'est pas conseillé de manière régulière, car l'addiction reviendrait certainement assez vite. Et l'idée de repasser un an de galère à attendre de dégonfler, de digérer, de pouvoir respirer, non merci. Et au moins, j'ai eu un aperçu de ce qu'aurait pu être la fin de ma vie avec BPCO et autres. Mon asthme par chance est resté aléatoire et parfaitement maîtrisable, et en plus il régresse. L'arrêt à l'arrache finalement a du bon en ce sens : c'est tellement violent et contraignant qu'au moins c'est réglé une fois pour toutes, sans tergiverser, sans se leurrer, sans étaler le sevrage inutilement sur plus de temps qu'il n'en faut. Ma carrière de fumeuse ayant été courte' et ayant commencé adulte, je pouvais me le permettre. Mais j'ai pleuré et souffert. Et c'est une raison suffisante pour ne jamais refumer."